Le Dingle Way les premiers jours

Posted By christine marche on Mai48,2018 | 0 comments


Samedi 26 mai
Tralee-Camp 19km
Après une journée de repos à Tralee, je suis prête pour une nouvelle aventure pédestre de 173 km sur  le « Dingle way »
Sur cette première partie, le chemin longe la côte à flanc de collines. Apres la pluie de la nuit, le sol tourbeux est imbibé d’eau et mes pieds s’enfoncent dans le sol complètement détrempé. Je dois anticiper chaque pas pour ne pas me retrouver avec de l’eau jusqu’aux chevilles. La progression est rendue plus lente, Je glisse à plusieurs reprises, je me rattrape de justesse avec mes bâtons.
Tout le long de la journée, je double et me fait doubler par deux jeunes allemands. Je suis surprise de voir sur le sac à dos de l’un deux  une coquille Saint Jacques. Renseignement pris, il s’avère que, comme moi au mois d’octobre, il a parcouru le chemin du nord pour arriver jusqu’à Compostelle.
J’ai prévu un bivouac sauvage ce soir. Il n’y a pas de camping et je ne peux pas me permettre, financièrement, d’aller tous les soirs dans un Bed and Breakfast. C’est très difficile de trouver un endroit pour poser sa tente, chaque parcelle est fermée par une barrière. Plusieurs possibilités s’offrent à moi : dans un cimetière avec une belle pelouse et à l’abri du vent marin mais la compagnie des morts, je le sais, va m’empêcher de dormir. Autre possibilité: sur la plage mais ce n’est pas possible le bruit du ressac  va perturber mon sommeil. Dans un champ avec les moutons, peut-être ? Je n’ose pas de peur de me faire chasser par le propriétaire. Enfin, je trouve un endroit près de la mer. Je suis sur une propriété privée, mais  je franchi la barrière. Il est tard et je suis fatiguée

Moulin de Blennerville

Dimanche 27 mai, fête des mères.
Camp-Minard castel 22km
Ce matin pas besoin de réveil, au lever du jour les oiseaux annoncent le début de la journée. Leurs chants résonnent dans la forêt de pins toute proche. Je range ma tente trempée par la rosée dans mon sac à dos. Je la sortirai au cours de la journée pour la faire sécher. Toute cette humidité rajoute du poids à mon sac. Grand luxe ce matin ; Je « petit-déjeune » sur la plage avec le spectacle du levé du jour en prime. Je ne regrette pas d’avoir choisi de changer mon itinéraire de voyage. Les paysages sont fabuleux. Les montagnes arrondies se jettent dans la mer. Le chemin surplombe de belles plages. Tout en bas, les autocars et les camping-cars qui roulent sur la nationale n’ont pas une vue aussi magnifique que la mienne. Ils n’ont pas ma chance ! Mais bon, après tous ces efforts pédestres, je l’ai bien méritée.
A midi j’ai fini l’étape de 17 km prévue sur mon guide. Il est trop tôt pour s’arrêter. Je décide de continuer jusqu’à une tour en ruine qui surplombe la mer, 5 km plus loin. Il y aura sans doute un endroit pour poser ma tente. Encore une fois tout est barricadé. L’endroit est privé et de gros panneaux indiquent clairement qu’il est interdit d’entrer. J’aperçois un jeune homme en train de couper une haie. J’ai très envie de dormir là. Je lui demande tout de même si c’est possible.  Il est français, super !  J’ai peux être une chance de voir mon souhait se réaliser. Le terrain appartient à son grand-père. Il est désolé pour moi mais ils ne souhaitent plus accueillir de tentes suite à de mauvaises expériences et à tous les déchets laissés  par des campeurs indélicats. Je repars un peu déçue. 400 m plus loin, un monsieur me propose de l’eau, il me demande si j’ai une tente, je lui réponds que je cherche un endroit pour camper. Il ouvre une clôture et me dit que je peux dormir là et que je peu également me servir du robinet d’eau. Super ! J’ai de la chance ! Je me pose enfin. Je fais ma lessive, aère mon sac de couchage sur la barrière. Cela fait deux jours que je n’ai pas pris de douche. Je me ferai bien un rafraichissement gant de toilette, savon, bouteille d’eau. Problème : il n’y a pas d’endroit où je puisse me cacher. La maison du monsieur donne sur mon campement. Solution ultime : je me lave sous mon poncho de pluie. Expérience étrange de se laver sous sa cape de pluie

Les moutons m’ouvrent le chemin

Lundi 28 mai
Minard Castle-Dingle 16 km
Il est 7 heure. Il fait déjà très chaud. Après  le petit déjeuner agrémenté d’un œuf, d’une banane et d’une clémentine donnée par le  propriétaire des lieux, je démarre ma journée de marche. Dès la première heure, je suis écrasée par la chaleur. Je suis en Irlande et ici pas de grands arbres sur le bord du chemin pour marcher sous leur ombre rafraichissante, seulement des petits murets pour cloisonner les champs où paissent les moutons et les vaches. Mon corps souffre, je bois beaucoup, je trempe ma casquette et mon foulard dans les ruisseaux pour me rafraichir la tête. Je mets 5 heures pour finir l’étape. J’arrive à Dingle complètement épuisée. Cela fait 3 jours que je n’ai pas pris un vrai repas.  Je ne me suis nourrie qu’avec du fromage, du jambon, du pain, des œufs et des fruits, il n’y a pas vraiment d’autre choix dans les petites boutiques que j’ai croisées. Je  me pose devant une assiette de fish and chips histoire de me requinquer. La ville est vraiment très jolie avec ses boutiques colorées. Des excursions en bateaux proposent aux touristes de rencontrer un dauphin résidant permanent de la baie. Je suis dans la rue, je regarde les jolies devantures colorées des boutiques, et je me retrouve pour la deuxième fois du voyage au sol sur le bitume.  Je suis sur la chaussée. Impossible de me relever. Je suis obligée de retirer mon sac à dos pour pouvoir m’assoir. Je me sens mal. J’ai l’impression que je vais m’évanouir. Un monsieur sort de sa boutique et me tend un verre d’eau. Et là, un miracle au milieu de ma solitude linguistique,  un homme s’approche de moi et me demande si je vais bien en français. Non je ne vais pas bien du tout ; je me sens vaseuse, mon poignet commence à me faire mal …
Il prend les choses en main, me propose  de me mettre à l’ombre sur les marches de l’église, va me chercher une boisson sucrée. D’après lui je fais une insolation.  Il porte mon sac à dos jusqu’au camping à1km de là. Pour sa part, il y a déjà planté sa tente. Il pose une bande autour de mon poignet qui commence à gonfler. Cette rencontre est tellement surprenante ! Je n’en reviens toujours pas qu’il ai été là, à cet instant précis, lorsque j’avais le plus besoin de réconfort et de soutien. Merci Patrice
!

La jolie ville de Dingle

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