Le kerry way

Posted By christine marche on Juin28,2018 | 0 comments


Dimanche 10 juin.
Killarney to Black Valley, 24 km.
C’est reparti ! Après avoir fait le plein de hamburgers, de frites et de coca (des trucs que je ne mange jamais en France), je suis fin prête physiquement pour reprendre mes bâtons de marche.
Départ de Killarney. Je commence par suivre les panneaux du chemin mais voilà qu’au bout d’un moment je les perds. Impossible de savoir où ils sont. Je suis près de la cascade de Torc, normalement ils ne devraient pas être très loin mais malgré mes recherches rien, la flèche jaune du balisage est invisible. J’ai dû faire une erreur quelque part. Je reviens sur mes pas mais impossible de trouver ce foutu panneau. De guerre lasse je décide de marcher sur le bord de la nationale qui longe le lac et qui à un moment croise mon chemin. Nous sommes dimanche, il y a beaucoup de touristes venus voir les beautés de la nature par la vitre de leur véhicule. Ce n’est pas ma place ici. La route est étroite avec des virages. Je me sens en insécurité, je dois être très vigilante dès qu’un véhicule me croise. Pendant 15 km, je vais marcher sur le macadam. Toute mon attention se porte sur la circulation, de temps en temps, je regarde le paysage en contrebas, le lac est parsemé de petits ilots, le décor est  magnifique. Heureusement pour moi le temps est couvert et il fait frais. La chaleur sur le goudron aurait été une torture supplémentaire.
Une moto me dépasse et s’arrête. Le pilote me demande si je fais le Kerry Way et m’indique qu’à 3 km il y a une église et que le chemin est à droite. Une fois arrivée au croisement, j’en profite pour faire une petite pose aération de mes doigts de pied qui n’ont pas vraiment apprécié l’erreur que je leur ai imposée. Un couple en balade me demande ce que je fais là. Lorsque je leur réponds que je vais mettre 8 jours pour faire le tour de la presqu’île à pied, ils me rétorquent qu’eux, avec leur voiture, cela ne leur prendra qu’une journée. Tant mieux pour eux mais je préfère ma méthode.
Enfin le chemin ! Des pierres, de la poussière, le bonheur du marcheur. Je continue de longer des petits lacs avec des îles-rochers où s’accrochent des arbres. J’ai l’impression d’être dans une estampe japonaise. Bientôt la fin de l’étape dans le petit village de Black Valley, je vais pouvoir me reposer à l’auberge de jeunesse. Demain je vais traverser une jolie vallée.

Cascade de torc

La nationale que je suis forcée d’emprunter

Lundi 11 juin.
Black vallée- quelque part avant Glencar, 15 km
Ce matin en partant j’avais décidé de faire 30 km et de rejoindre le village de Glenbeigh parce qu’il y a un camping, de quoi se ravitailler et surtout un distributeur de billet, j’ai mal géré mes espèces, il ne me reste que 6 euros. Ici dans les petites auberges et les épiceries, il n’y a pas d’appareil pour payer avec une carte bancaire.
La journée a été magnifique. Physiquement la montagne puise toute mon énergie. Une fois arrivée en haut des cols je suis vidée mais c’est tellement beau cette vue sur les montagnes et sur les lacs. Les descentes ne me laissent pas plus de repos ; dans les petits sentiers caillouteux il faut que je sois attentive chaque fois que je pose le pied sur un rocher. Je dois m’assurer de sa stabilité. Souvent les ruisseaux se permettent d’envahir mon chemin ce qui rend la progression glissante.
A plusieurs reprises je vois au loin dans mon champ de vision d’autres randonneurs dont un groupe de 4 hommes que je dépasse pendant leur pose déjeuner sur le bord du chemin. L’un d’entre eux est ravi lorsque je lui tends son chapeau que j’ai ramassé dans les cailloux quelques kilomètres plus bas. Je n’étais pas vraiment sûre de trouver son propriétaire, mais finalement sa tête lui a été rendue.
Je suis vraiment épuisée. Je décide de chercher un endroit où poser ma maison. Auparavant je remplis mes gourdes dans un ruisseau pour pouvoir préparer le seul repas conséquent de ma journée.
Après 2 kilomètres, je tombe sur un endroit magnifique près d’une ferme en ruine. Il y a une sapinière et à l’ombre de ces arbres pousse une jolie pelouse. Je suis assez loin du chemin pour ne pas être vue, et il y a du bois à profusion pour la cuisine. Très vite je me fais attaquer par des nuées de midges. Ils s’acharnent sur ma peau de française peu habituée à ce genre d’assaut. Je monte ma tente le plus vite possible et glisse toutes mes affaires à l’intérieur. Dès que j’allume le feu, la fumée les éloigne. Je suis enfin tranquille, je rajoute même de l’herbe bien verte sur les flammes pour faire encore plus de volutes de fumée.
Puis c’est l’heure du repos. Camper dans la nature est une expérience assez extraordinaire. La nuit les bruits sont différents et difficilement identifiables. A plusieurs reprises un oiseau passe au dessus de ma tête. Son chant m’est totalement inconnu. Un autre pas très loin de ma tente lance son cri strident. Puis des pas, tout près, peut être un renard ? Je lui fais comprendre qu’il y a une humaine en ce lieu pour qu’il s’éloigne. Ensuite un bruit beaucoup plus familier, un avion, c’est drôle d’imaginer des gens, là haut, propulsés à une vitesse folle et moi couchée sur la terre à écouter l’intimité de cette forêt. Pendant la nuit je suis réveillée à plusieurs reprises par le bruit de la pluie sur ma toile de tente. Au matin, c’est un nouvel assaut des mini-moustiques qui me force à plier mon camp rapidement. La pluie a détrempé le bois, à plusieurs reprises j’essaye de faire du feu pour les éloigner mais c’est mission impossible.

Black valley

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