Vendredi 15 juin
Cahersiveen-Killeenleagh, 15km
Samedi 16 juin
Killeenleagh-Caherdaniel, 28 km
Dimanche 17 juin
Caherdaniel-Sneen, 18 km
Cela fait trois jours que je subis le vent et la pluie. Parfois des trouées de lumière laissent apparaître la côte puis dans le quart d’heure qui suit tout disparait laissant à la place une brume qui délave le paysage le rendant indéchiffrable. Le chemin suit les crêtes nues dépourvues de toute végétation. Le sol est gorgé d’eau. Au bout d’une heure de marche j’ai les pieds trempés. Avec toute cette humidité de nouvelles ampoules apparaissent. Sur les échelles qui enjambent les clôtures, autour des parcelles où paissent les moutons et les vaches, je me retrouve déséquilibrée par les rafales de vent. Je ne rencontre personne. Même l’auberge de jeunesse de killeenleagh est vide. Le bon côté des choses c’est que je passe la nuit au dortoir tranquille sans ronfleur.
En passant par la cour d’une ferme, je me fais agresser par un chien. Le propriétaire sort de la maison et crie en gesticulant, j’ai du mal à comprendre ce qu’il dit ; il parle gaélique. Sa bête n’a pas l’air de l’écouter, je suis concentrée sur le chien et essaye de l’éloigner avec mes bâtons. Le monsieur continue à vociférer et je comprends, au bout de plusieurs minutes, qu’il essaye de m’expliquer que je me suis trompée de chemin. Je fais demi-tour sans demander mon reste.
Ce matin je me lève difficilement. Il a plu une partie de la nuit et il pleut encore. La météo annonce encore de l’eau pendant 3 jours ; le nombre exact d’étapes qu’il me reste à faire sur le Kerry Way. Je ne vois aucun intérêt à continuer. Je passe la porte de l’auberge qui m’a mise à l’abri des averses de cette nuit, sans trop de conviction. Je me mets à nouveau en marche. 18 km à monter et descendre avec l’herbe trempée et les pieds dans la boue. Je ne me sens plus vraiment motivée. Pour aller plus vite je mixe chemin et route nationale. Vers 17h j’arrive à Sneen. Je m’installe dans un bed and breakfast et m’offre un vrai repas. Demain, c’est décidé, je ferai du stop pour rejoindre Killarney et de là je prendrai le train pour Dublin. Dommage pour les 2 étapes restantes, mais à quoi bon continuer…
Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai pu grimper ce genre d’echelle sur les chemins d’Irlande
Les digitales pourpre poussent à profusion