Mercredi 27 juin
Rhuallt- Rhuthun, 13 heures de marche.
Pour éviter les grosses chaleurs aujourd’hui je décide de me lever très tôt et me voilà partie à 5h30. C’est agréable de profiter de la fraîcheur matinale. La nature se réveille, les lumières sont douces, je surprends un lapin sur le sentier, il détale à mon approche.
En Irlande tous les chemins sont balisés avec une flèche jaune, ici l’idéogramme est un gland vert. Lorsque je quitte un chemin et traverse un champ, je suis les sentes tracées par les randonneurs qui sont passés avant moi. Mais lorsque le pré est occupé par des moutons, ce qui est souvent le cas, leur passage dans l’herbe laisse des empreintes parasites qui partent dans toutes les directions et là c’est beaucoup plus difficile de trouver la sortie.
Ce matin j’ai devant moi un champ labouré, plus aucun indice apparent. J’ai fait le tour de l’immense terrain sans en trouver la sortie. J’ai failli rejoindre la route goudronnée, quitte à faire un détour de 3 km. Enfin, en tournant la tête, au loin là-bas, j’aperçois un poteau indicateur.
A l’heure du déjeuner, je m’arrête et je sors mon réchaud pour me faire cuire des pâtes. A cet endroit, la carte indique un cours d’eau. Pourtant je ne trouve, ni n’entends, aucune rivière ni ruisseau. Pas une goutte d’eau dans les environs.
Fini les jolies prairies. Me voilà en pleine ascension de collines. Ce ne sont que pentes abruptes puis descentes glissantes. Toute l’après-midi je ne ferai que monter et descendre sur des collines couvertes de bruyères et de myrtilliers. Pas d’arbre. Heureusement le vent est de la partie et me permet d’éviter un coup de chaleur.
Je n’ai plus qu’un litre d’eau et aucune ferme à l’horizon pour aller demander le précieux breuvage. Je suis épuisée. Je vise sur la carte un restaurant où ils servent du cake et du thé. Cet endroit m’a été indiqué par une randonneuse croisée ce matin. Selon elle il ne faudrait que 3 heures pour l’atteindre. Il est 16h et je suis épuisée. J’arrive sur un parking au bas d’une colline. Au loin un groupe de jeunes randonneuses fait une pose. Elles se remettent en route alors que j’arrive à leur hauteur. Seules deux femmes restent là avec dans les mains des jerrycans d’eau. Elles viennent de remplir les gourdes des jeunes filles. Une aubaine pour moi. Il ne me restait plus qu’un demi litre d’eau. Elles font mon bonheur en me remplissant mes deux gourdes. Devant moi encore une colline à grimper. Je suis découragée. Quoiqu’il arrive ce sera la dernière pour la journée. Une fois arrivée au sommet je savoure l’ombre revigorante d’une tour en ruine.
Puis c’est la descente, sur un grand chemin de cailloux blancs avec la réverbération l’air est très chaud. J’arrive enfin sur le parking où je dois trouver ma récompense : gâteaux et thé. Malheureusement pour moi c’est fermé. Il est 17 h. J’ai deux options : soit planter ma tente dans la forêt et continuer demain, soit rejoindre la ville que je vois depuis plusieurs heures en contrebas de mes collines. Je choisis la deuxième option. Je n’ai pratiquement plus d’eau et plus de nourriture. Je viens de marcher pratiquement 12h dans des conditions difficiles. Mon corps a besoin de repos et de se sustenter. Je marche encore une heure pour rejoindre la ville. Je me demande parfois ou je vais chercher la force de continuer ; le corps humain a des ressources insoupçonnées. Je m’installe dans l’unique l’hôtel de la ville et mange un bon plat de lasagnes.
Demain je prendrai le bus pour rejoindre l’étape prévue.
Vendredi 28 juin
llandegla-castel Mil, 24 km.
Super belle étape, magnifique journée.
Départ du camping, où je suis restée une journée pour me reposer, à 5h30. Toujours de magnifiques lumières à cette heure là. Il fait frais et je suis en super forme. Pendant une grande partie de la matinée, je vais longer une barrière rocheuse. J’ai l’impression d’être dans mon Jura natal.
Ensuite petite descente jusqu’à la ville de Trevor et là, belle surprise, le chemin me fait longer un aqueduc. Je marche sur un pont sur lequel glissent des petites péniches sur lesquelles les touristes profitent de la vue. De chaque côté le vide et tout en bas coule une rivière. Je ne me sens pas très à l’aise avec mon gros sac sur le dos, le vide du cote gauche et l’eau du côté droit. Plus loin, après l’aqueduc, je m’arrête sur le bord du canal pour une pose carrot cake arrosé de thé. C’est vraiment agréable de jouer la touriste. Ensuite, je continue de longer le canal jusqu’à la ville de Chirk. C’est une grosse bourgade alors je pensais y trouver une bouteille de gaz pour mon réchaud. Le caissier de la superette m’indique une boutique hors du village. Trop loin pour mes jambes déjà bien trop fatiguées. En quittant l’Irlande j’ai changé de réchaud. J’ai abandonné mon réchaud à bois trop contraignant pour un réchaud à gaz. Mais la cartouche de gaz n’a pas tenu une semaine. Je me demande si j’ai fait le bon choix ?
Ce soir pas de camping. Je plante ma tente dans une pâture à moutons.
2 juillet 2018
J’espère qu’il n’y avait pas les moutons avec vous😉. Belle étape 24km. Jolie les fougères à contre jour. Bonne continuation. En France aussi on a très chaud.
2 juillet 2018
Les moutons sont venus jouer les curieux en debut de soirée. Mais ils m’ont laissé passer une tres bonne nuit