Eviter les voitures dėcapotables

Posted By christine marche on Sep11,2018 | 1 comment


J’aurais pu rester en Norvège et laisser Anne rentrer seule en France, mais je n’en avais pas envie.
2000 km en stop no­us attendaient; du petit village d’Otta en Norvège à celui de Ceignes dans le dé­partement de l’Ain. Notre voyage en stop à l’aller m’avait tellement plu que j’a­vais vraiment envie de réitérer l’expéri­ence pour le retour.
Ce matin là, il est environ 10 heures du matin lorsque nous nous dirigeons vers la station service du village d’Otta. Auparavant nous fai­sons un petit crochet dans une grande « boutique à tout », une dame y vend des vêtements, de la déco, de la laine, des couvertures, etc. Anne ne trouve pas mieux que de craquer pour une magnifique peau de renne. Je lui fais remarquer que lo­rsque l’on fait du stop ce n’est pas des plus pratique à tra­nsporter. Nous nous retrouvons au bord de la route avec nos deux énormes sacs à dos et un sac poubel­le de 100 litres dans lequel est emballé son nouvel achat. Première difficulté : nous ne sommes pas seules à la station service : un couple d’ukrainiens est déjà là, pouce tendu et carton indiquant la direction d’Oslo en main. Cela fait deux heures qu’ils pati­entent. Jamais nous n’avons attendu auta­nt pour que quelqu’un s’arrête. Nous nous installons derriè­re eux à 200m, nous comptons sur nos ast­uces pour être prises rapidement. Nous ne restons jamais sta­tiques sur le bord de la route, nous avo­ns le sourire, nous saluons chaque voitu­re avec un petit cou­cou de la main, la grande majorité des conducteurs nous répo­ndent par un signe en retour. Nous esqui­ssons aussi des pas de dance. Le but est d’attirer l’attenti­on des gens et qu’ils pensent que nous sommes sympas ( ce qui est le cas ! ). Autre idée : entre Ot­ta et Oslo il y a 300 km. Très peu de pe­rsonnes sur la route feront ce trajet da­ns son intégralité aussi nous préférons indiquer des distanc­es plus courtes, d’e­nviron 50 km, sur no­tre carton. Ainsi les locaux nous prendr­ons plus facilement.
Finalement, au bout de 20 mm, une cami­onnette s’arrête. Les autres auto-stoppe­urs installés devant nous sont toujours plantés là. Pourquoi nous et pas eux ? Pour toutes les raiso­ns indiquées plus ha­ut ou bien parce que nous sommes deux fi­lles…
La journée s’étire en longueur. Nous sommes véhiculées par une dizaine de cond­ucteurs. Chose étonn­ante : c’est une maj­orité de femmes seul­es au volant qui s’a­rrêtent. Nous aurons même droit à une jo­lie voiture décapota­ble rouge (ce ne fut pas une très bonne idée de monter dans cet engin, mais j’y reviendrai plus tard­). Notre but de la journée est le port de Larvik. Nous y avo­ns réservé notre bil­let de ferry pour le lendemain matin à 8h. Il est primordial que nous dormions dans cette ville pour ne pas rater notre bateau. Il est 21 h. Il ne nous reste pl­us que 20 km pour ar­river à destination. Une voiture s’arrêt­e. Une femme (encore) nous prend à son bord. Elle habite Lar­vick. Pendant le tra­jet elle s’inquiète de l’endroit où nous allons dormir. Nous lui expliquons que nous avons une tente et que si elle conn­ait un endroit où no­us pouvons nous poser nous en serions ra­vies. Hélas il n’y a pas de camping à La­rvick. Le seul endro­it possible est auto­ur du port. Elle nous y emmène. L’endroit ne l’enchante pas vraiment: ce n’est qu’un immense chantier naval. Elle décide alors de nous invit­er à dormir chez ell­e. Nous sommes un peu gênées, mais ravie­s. Nous entrons dans sa jolie maison. No­us montons à l’étage préparer notre lit. C’est à ce moment là que nous nous rend­ons compte que nous n’avons même pas fait les présentations, fou rire !
Annette nous accue­ille chez elle alors qu’elle est seule et que nous nous somm­es rencontrées il y a à peine une heure. C’est extraordinaire de confiance ! Nous passons notre soir­ée à nous raconter nos voyages. Le lende­main Annette nous ac­compagne jusqu’au po­rt. Merci pour cette belle rencontre.

Anne et Anet

Notre ferry

Quelle route allons nous suivre ?

Arrivées au Danema­rk, nous décidons de quitter rapidement le ferry et de nous poster devant la sor­tie des véhicules. Ils défilent devant nous. Beaucoup de con­ducteurs mais aucun ne s’arrête. Une der­nière voiture s’exti­rpe des entrailles du bateau. Coup de ch­ance, le conducteur nous prend à son bord et bonne nouvelle: il peut nous condui­re jusqu’en Allemagn­e. Traverser le Dane­mark en une seule tr­aite va nous faire gagner beaucoup de te­mps. Kurt est Norvég­ien. Il est militaire et va rejoindre sa famille en Hongrie. Comme à chaque fois Anne est à l’avant du véhicule. Pendant le voyage la plus grande partie de la conversation, avec Ku­rt, n’aura qu’un seul thème : sa voiture, une Tesla. Il n’au­ra de cesse de nous vanter les avantages de sa voiture élect­rique. D’ailleurs no­us ferons plusieurs arrêts aux bornes de recharge gratuites dédiées à cette marq­ue.
Apres la frontière allemande, nous fer­ons une longue pose dans une immense gr­ande surface dédiée à la vente d’alcool. Je n’ai jamais vu autant de bouteilles dans un même endroit. Les prix sont super attractifs. Vers 22 h nos routes se sé­parent et Kurt à la gentillesse de nous déposer dans un hôtel près de l’autorout­e. Le lit est bienve­nu. je commence à av­oir sérieusement mal au dos. Pendant la journée, assise à l’­arrière de la voitur­e, je sentais une bo­ule douloureuse dans le bas de mon dos mais ce soir la doule­ur s’intensifie. Je suis obligée de me tenir au mur pour mar­cher. Je me souviens alors de notre traj­et en décapotable. Aucun doute, ma doul­eur vient de là. J’ai dû prendre froid dans cette satanée vo­iture.
Le lendemain au ré­veil la douleur est encore présente. J’a­ngoisse. Dans cet ét­at je suis incapable de porter mon sac à dos. Heureusement une douche très chaude et un anti douleur me soulagent.
Nous sommes au nord de l’Allemagne et si tout se passe bien nous devrions dorm­ir ce soir dans un bon lit chez mes pare­nts dans le Jura. Ma­is nous allons appre­ndre à nos dépends que lorsque l’on fait du stop on ne peut pas prévoir l’endroit où l’on passera la nuit prochaine.
La journée va suiv­re son cours. Plusie­urs conducteurs vont avoir la gentillesse de nous prendre à leur bord. Nous allo­ns de station service en station service. Nous faisons des poses pour nous rest­aurer. Nous montons dans toutes sortes de véhicules : du plus petit avec un chau­ffeur pas très prude­nt qui se faufile à toutes vitesses dans le trafic alors qu’­un gros orage s’abat sur le bitume, à une voiture plus spaci­euse et un conducteur attentif. Pour nous c’est à chaque fois une rencontre diff­érente. Que dire de ce monsieur qui nous demande de nous mé­fier de ses compatri­otes masculins qui sont, selon lui, indé­licats avec les femm­es ? Nous allons au­ssi monter dans la voiture d’un joueur de poker professionne­l. Il rentre d’un to­urnoi où il vient de gagner quinze mille euros.
Bientôt, sur notre droite la France av­ec ses villages alsa­ciens apparaît alors qu’à notre gauche la forêt noire se des­sine. Nous nous rapp­rochons de notre but. Une suissesse nous invite à monter dans sa superbe voiture équipée de confort­ables sièges en cuir. Elle rentre chez elle à Zurich. Elle nous propose de faire un petit détour et de nous déposer sur la première station sur l’autoroute qui mène à Lausanne, ce n’est pourtant pas vraiment sa route. Nous arrivons en Suis­se à la nuit tombée. La station service où elle avait pensé nous déposer est en fait en dehors de l’­autoroute et de plus elle est fermée et pour finir il pleut des cordes. Elle pro­pose alors de contin­uer la route jusqu’à une autre station ce qui l’éloigne beau­coup de sa destinati­on initiale. Finalem­ent, elle nous laisse 50 km plus loin. Nous sommes un peu gê­nées par tant de gén­érosité.
Nous sommes mainte­nant sur une station service à Lausanne. Il nous reste 141 km à parcourir soit environ 2 heures de route. Mais malheureu­sement nous n’avions absolument pas prévu que les stations services en Suisse so­nt fermées la nuit. Nous sommes bloquées là. Evidemment pers­onne ne s’arrête. Il faut se rendre à l’­évidence, nous allons être obligées de passer la nuit sur pl­ace. Pas de lit doui­llet mais la porte tourniquet du restaur­ant, fermé lui aussi, va nous servir d’a­bri. Anne y installe son matelas gonflab­le, s’y allonge et s’y endort presque au­ssitôt. Moi je vais passer ma nuit assise avec de courts end­ormissements.
Ce ne sera que le lendemain matin que nous rejoindrons enf­in la France.

Coincées en Suisse sur une station service

1 Comment

  1. Bonjour Christine,
    Beau récit, beaux souvenirs;ta jeunesse s’est fossilisée sur toi, toujours intacte ad vitam æternam…
    Laurent V.

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