La velodysée

Posted By christine marche on Avr28,2019 | 0 comments


Marennes- le Marouillet 52 km

Le Marouillet – Marans 57 km

Marans- Jard sur mer 66 km

Jard sur mer- St Jean de Mont 80 km

Saint Jean de Mont – Noiremoutiers 65 km

Noiremoutiers – Pornic 65 km

Pornic- Estuaire de la Loire 35 km

Estuaire de la Loire- Nantes 74 km

Apres deux jours de repos, mon genou va beaucoup mieux.
Mira et son mari, chez qui j’ai loué une chambre, ont eu la gentillesse de m’inviter à partager leur repas.
Finalement je ne pars de Marennes qu’en milieu d’après-midi. Je traverse des petits villages sympathiques puis longe un cours d’eau.
Arrivée près d’un pont, je ne trouve plus le balisage. J’ai dû rater une bifurcation. Comme je décide de faire demi tour je croise un cycliste qui vient en sens inverse. Je l’arrête et lui explique qu’apparemment ce n’est pas la bonne route. Finalement je fais demi-tour et le suis. Il a parcouru cette piste à plusieurs reprises et la connait bien. Nous roulons sur des chemins poussiéreux et chaotiques pendant plusieurs kilomètres. Les arbres forment un tunnel de verdure de chaque coté de la piste nous donnant l’impression d’être protégés, hors du monde. A la pose, Frank m’explique que depuis 7 ans, il sillonne à vélo les routes d’Europe. Il vit grâce à des petits boulots qu’il trouve sur sa route. Il a dû récemment s’acheter un nouveau vélo à cause d’un accident avec une voiture, l’ancien étant devenu totalement inutilisable.
C’est vrai, le vélo est dangereux. En dehors des pistes cyclables je me sens fragile et redouble de vigilance. Je déteste traverser les villes, je dois faire attention aux véhicules qui circulent mais aussi à ceux qui sont garés sur le bas coté. A chaque instant une portière peut s’ouvrir, une voiture peut déboîter pour sortir de sa place de parking sans m’avoir vu. Pour ma sécurité je porte un casque et un gilet jaune fluo.
Avec Franck nous décidons de trouver un coin pour bivouaquer en fin de journée. Nous plantons nos deux tentes sur une aire de jeux près de la mairie d’un village. Magnifique ! Il y a une table et des bancs : cela va nous  éviter de cuisiner à même le sol.
Au matin, après le petit déjeuner, Frank part avant moi. Il me laisse entendre que l’on se reverra sur la route mais je sais très bien pour en avoir parlé la veille avec lui qu’il aime trop sa solitude et qu’il laissera suffisamment de kilomètres entre nous pour faire en sorte que l’on ne se revoit pas. Qu’importe, ce fut une belle et brève rencontre.

Port de la Rochelle

J’arrive à la Rochelle. J’aime beaucoup cette ville avec son joli port. Aussitôt je me rends chez un réparateur de vélo. Cela fait plusieurs jours que chaque matin je retrouve ma roue arrière légèrement dégonflée. Je suis alors obligée d’actionner ma pompe avant de repartir. Ce n’est pas très grave mais je suis un peu inquiète : je n’ai pas envie de me retrouver avec un pneu complètement à plat au milieu de nulle part. Le mécanicien me rassure ce n’est, selon lui, qu’une micro fissure et je peux continuer à rouler sans problème.
Il est midi, j’ai une petite faim. Depuis que je suis partie en mai, j’ai tout le temps faim ! Que ce soit la marche ou le vélo mon corps a besoin de carburant pour avancer. J’avale une part de lasagnes dans un restaurant de rencontre. De retour à mon vélo, une femme qui fait la manche m’accoste et me demande quelques centimes. Je lui tends deux euros. Ce devait être beaucoup trop pour elle car elle n’arrête pas de me remercier. Elle me demande ensuite d’où je viens et où je vais. Je lui explique mon périple. Etonnée, elle me dis que c’est dangereux que je dois faire attention à moi. En souriant je lui rappelle qu’elle  vit dans la rue et qu’elle est bien plus en danger que moi. Je lui demande ensuite si elle a des enfants ? « J’ai une fille » me dit-elle « qui est enceinte, je serai donc bientôt grand-mère ». Hélas elle m’avoue aussi qu’à cause de sa situation précaire et de son alcoolisme, sa fille refusera de lui présenter sa petite fille. Toute la tristesse de la situation se lit sur son visage, je suis triste pour elle. En nous quittant elle ne peut s’empêcher de me recommander à nouveau de faire attention à moi.


Me voici dans le marais Poitevin. Ici l’eau court partout. D’innombrables petits ponts me permettent de traverser chaque conche (canal). Justement je m’approche d’un pont bien curieux : des tissus y sont suspendus et volent au vent. En m’approchant plus près, je comprends qu’il s’agit de vêtements et d’une tente de camping qui sont en train de sécher là.
Jean-Yves est sur les routes depuis plusieurs années maintenant : en Europe pendant la belle saison et en Asie lorsque l’hiver arrive. Nous allons nous tenir compagnie durant deux jours, deux jours bien sympathiques pendant lesquels je vais profiter de l’expérience technique de mon coéquipier.
Ce nouveau mode de déplacement me plait vraiment beaucoup. J’ai donc décidé de poursuivre mon périple européen au printemps prochain à vélo. Il faut donc que je m’équipe d’une nouvelle monture (le vélo et les sacoches que j’utilise en ce moment appartiennent à ma fille) Jean-Yves me donne de bons conseils pour l’achat de mon futur matériel.

Pour l’instant tout est calme …

Tres calme …

Le soir, nous posons notre bivouac près de la mer, entre les dunes. L’endroit est magnifique, tout est serein, nous ne voulons rien perdre du coucher de soleil. Après le repas nous nous glissons dans nos sacs de couchage respectifs. Un sommeil récupérateur nous attend. Mais voila que vers une heure du matin une boite de nuit s’invite dans nos tentes, une sono assourdissante va nous empêcher de dormir jusqu’à 7 heures du matin. Mes bouchons d’oreilles n’arrivent pas même à en venir à bout. En fait une bande de jeunes a décidé d’investir le parking tout proche et d’y faire une mini rave-party, voitures portières grandes ouvertes, volume à fond, nous faisant profiter de leurs musiques technos. Nous décampons et décidons de petit-déjeuner sur un banc quelques kilomètres plus loin.

Jean Yves globe trotteur cycliste

Aujourd’hui  direction l’ile de Noirmoutier. Je me retrouve devant le pont qui doit me permettre d’accéder à cette île superbe. Hélas il est interdit au vélo, je suis alors obligée de faire un gros détour pour emprunter le Passage du Gois. C’est une route de 4 km, seulement accessible à marée basse. Quand j’arrive je constate que j’ai de la chance : la mer m’a laissé place nette. Je me fais une joie de rouler sur cette route encore humide et profite de l’air iodé venant du large. En passant devant les balises à hunes, dispersées le long du passage, je ne peux réprimer un frisson en pensant que si, pour une raison ou une autre, je me trouve encore sur le Gois à la marée montante elles constitueront mon seul salut. Il ne me restera plus alors qu’à attendre, perchée sur ma hune, la marée basse … 6 heures plus tard.
Dans quelques heures l’eau aura repris sa place. Je serai alors prisonnière consentante jusqu’au lendemain de ce bout de terre qui sera redevenue île.

Passage du Gois

l’océan s’ouvre, bientôt je vais retrouver le continent

En début de matinée c’est le départ, je quitte Noirmoutier. Je fais l’expérience du pédalage face à un vent violent ce qui est extrêmement difficile.  J’ai l’impression de grimper un col. Je mouline mais n’avance pas pour autant. Cette ligne droite totalement plate est un vrai calvaire. J’espère ne pas réitérer cette expérience trop souvent !
Plus j’avance dans mon voyage et plus le temps se dégrade : il fait gris et les nuits sont fraîches. Les camping ferment les uns après les autres ; nous sommes hors saison. Pour les quelques jours qu’il me reste à pédaler Je décide de dormir au chaud dans des hôtels.

Pornic

Pont de Saint Nazaire

Enfin j’arrive à Nantes; le but que je m’étais fixé au départ de Bayonne.
Je me pose quelques jours pour visiter cette cité et m’imprégner de son ambiance.

Nantes

Toujours Nantes

C’est la fin de cette aventure. Je suis venue à bout de ce nouveau challenge : après la marche à pied, je voulais savoir si j’étais capable d’envisager une randonnée cycliste. Pendant plusieurs jours, serais-je capable de renouveler cet effort ? Mes articulations vont-elles tenir ? A toutes ces questions que je me posais au départ la réponse semble affirmative. C’est une nouvelle façon d’appréhender le voyage qui me convient tout à fait.
J’ai déjà hâte de repartir…

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