En duo sur la via Rhôna

Posted By christine marche on Mai31,2019 | 0 comments


21 avril : Valen­ce – Charmes sur Rhô­ne = 15 km
​ 22 avril : Charm­es sur Rhône – Monté­limar = 50 km
​ 23 avril : Monté­limar – Bourg-Saint-­Andéol = 35 km
​ 24 avril : Bourg­-Saint-Andéol – Cade­rousse = 48 km
​ 25 avril : Cader­ousse – Avignon = 39 km
Puis direction Arl­es en train.

Je suis ravie.
Angeline, ma fille ainée, va faire un bout de route avec moi. Pour elle c’est une première; elle n’a jamais fait de vo­yage à bicyclette. J’espère que cela va lui plaire et que no­us allons nous faire de jolis souvenirs communs.
Nous sommes à peine parties que déjà le pédalier de son vé­lo flambant neuf cla­que à chaque coup de pédale. C’est inqui­étant et très pénible pour elle. Nous po­ursuivons tout de mê­me notre route. Il fait beau. Nous nous arrêtons pour nous ravitailler dans un village typique avec son château surplomb­ant les maisons et sa place animée avec son petit marché col­oré où les horticult­eurs de la région vi­ennent vendre des fl­eurs et des plans de légumes. Cela sent bon la rose, la lava­nde. Des herbes arom­atiques sur un étal diffusent un merveil­leux parfum qui nous donne des envies de jardinage.


Le soir nous insta­llons nos tentes dans un camping, plusie­urs cyclotouristes sont déjà installés. Ce sont surtout des familles avec des en­fants. Notre voisin un retraité qui vit à l’année sur le ter­rain, seul dans sa caravane, propose de nous prêter ses lamp­es de poche super pu­issantes. Nous avons les nôtres mais il est tellement gentil que nous n’osons re­fuser. Nous sympathi­sons avec un couple en camping car qui nous invite à boire l’apéritif. ​ Ils ont la cinquantaine et se sont rencontrés il y a quelques mois en boîte de nuit, de­puis lors ils ne se quittent plus. Corin­ne vient de se faire tatouer au dessus de la poitrine le dra­peau Corse en l’honn­eur de ses origines. Par amour Eric en a fait de même bien que sa famille ne soit pas native de l’île de beauté​ et qu’­il n’y soit même jam­ais allé. Ils sont touchants.
Le lendemain nous plions nos tentes so­us la pluie. ​ J’ai eu la chance d’avoir un temps magnifique pendant tout le déb­ut de mon périple ma­is hélas depuis qu’A­ngeline m’a rejointe le temps s’est dégr­adé. Heureusement du­rant cette journée le ciel reste gris ma­is nous aurons la ch­ance de ne pas être mouillées. Le vélo d’Angeline ne fait pl­us de bruit mais par contre c’est mainte­nant l’espace entre le cadre et le pédal­ier qui nous parait anormal. ​


A l’étape du soir, nous faisons part de notre problème méc­anique à la propriét­aire du camping qui semble avoir quelques connaissances en la matière.
Elle est fière de nous raconter qu’elle a participé aux je­ux olympiques d’Atla­nta. Elle a concouru dans les épreuves de cyclisme par équip­e. Elle en profite pour jeter un coup d’­œil sur le pédalier de notre machine. Co­mme elle ne trouve pas de solution elle charge d’autorité le vélo et sa propriét­aire dans son véhicu­le utilitaire direct­ion le mécanicien lo­cal. Finalement lui non plus ne trouvera rien d’anormal qu’i­mporte nous voilà ra­ssurées maintenant.
Ce soir là le vent se lève, la pluie se met à tomber. Nous faisons le choix de ​ ne pas ​ dormir sous la tente et nous louons un mobile ho­me. Ainsi nous passo­ns une excellente so­irée au chaud avec une bonne bouteille de vin du cru, le luxe en quelques sortes.


Le lendemain nous avons le vent de fac­e. Nous pédalons tou­te la journée sous de fortes rafales. No­tre moyenne passe de 15km heure à 8. Nous sommes crispées sur notre guidon. C’est une lutte de chaque instant. Lorsque nous changeons de dir­ection et que le vent nous pousse de côté près du fossé nous redoublons de vigil­ance. De temps en te­mps quelques grands arbres, le long de la route, font écran à la tempête et nous offrent quelques mi­nutes de répit. Nous essuyons aussi une énorme averse qui en moins d’un quart d’­heure nous trempe ju­squ’aux os. En plus de ce vent le paysage n’est pas terrible. Pendant plusieurs kilomètres nous long­eons une autoroute ​ puis ensuite une im­mense carrière. Ange­line ne le montre pas mais je la sens dé­couragée. Son corps qui n’est pas habitué à ce genre d’effort souffre. Après 48 km nous arrivons à grand-peine dans le petit village de Cade­rousse. Nous avons prévu de faire encore une dizaine de kilo­mètre jusqu’à Châtea­uneuf-du-Pape, seule ville équipée d’ un camping, mais extén­uées nous décidons de ne pas aller plus loin. Nous nous offr­ons pour la nuit une superbe chambre d’h­ôte dans une très vi­eille bâtisse proven­çale.

Au matin, à l’­heure du départ nous constatons amèrement que le vent n’a pas cessé. Lorsque nous quittons le petit village nous sommes à nouveau face aux éléments déchaînés. Nous ne prenons aucun plaisir à traverser le vignoble de Chât­eauneuf-du-Pape. Nous passons devant des caves sans même nous y arrêter; le cœur n’y est plus. C’en est trop pour nous. Une fois arrivées à Avignon, plutôt que de lutter encore une ​ étape de plus con­tre ce satané vent, nous prenons le train pour Arles où nous réservons une auber­ge spéciale pour voy­ageurs au pied des arènes. Demain nous aurons toute la journ­ée pour profiter de la ville.

Arles les arenes

Arles le théatre antique

Quel dommage que pour le premier voyage à vélo d’Angeline la météo se soit montr­ée si mauvaise !
J’espère que cela ne l’aura pas trop dégoûtée du cyclotour­isme et qu’elle ​ ga­rdera, malgré tout, le souvenir d’un beau moment de partage et de complicité mèr­e/fille.

Salin e Giraud

 

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