Du 10 au 13 juillet,
De Kemble à l’écluse de Pinkhill – 70 km
Nouveau départ, nouveau chemin.
Je suis partie de la source de la Tamise, enfin j’ai essayé.
Je suis arrivée en train à Kemble; petit village qui se trouve à 4 km de la naissance du fleuve. Je n’ai jamais pu trouver le balisage pour y accéder. Au début je trouvais cela absurde de faire ce chemin et de ne pas commencer par ce point géographique, puis finalement je me suis aperçue que le lit du fleuve était à sec. Je m’attendais à un débit puissant, mais pas une goutte d’eau. Juste quelques flaques habitées par des têtards et des insectes. De nombreuses libellules ouvrent ma marche. Il y a en a de plusieurs espèces.
Au fil des heures de marche et des kilomètres parcourus la rivière grossit alimentée par divers affluents. De nombreuses espèces d’oiseaux habitent ses berges: oies, grues, piverts, foulques (poules d’eau) et mon préféré, minuscule fulgurance bleue au milieu de tout ce vert : le martin pêcheur.
A la fin de mon deuxième jour de marche, le fleuve est de plus en plus large et devient navigable. De nombreuses petites péniches de plaisance glissent sur ses eaux calmes passant d’écluse en écluse.
Le paysage traversé est monotone. Ce ne sont que champs à perte de vue, séparés par des haies. Le chemin colle aux méandres du cours d’eau. A partir de midi il est compliqué de marcher. La chaleur est écrasante et m’oblige à faire plusieurs poses à l’ombre. J’essaye d’arriver au plus vite sur le lieu de mon bivouac pour éviter la chaleur de l’après-midi.
Hier, n’en pouvant plus, je décide de m’octroyer une pose jus de pomme/glaçons dans un pub (la bière sous cette chaleur n’aurait pas été une bonne idée). Il est 15h, il me reste encore 10 km à parcourir lorsque j’entends une serveuse renseigner une cliente : il y aurait un camping à un mille (soit 1,6 km). Je me fais confirmer l’information et en effet l’écluse que je viens de passer propose un endroit aux marcheurs pour poser leur tente. Je suis ravie de m’éviter tous ces kilomètres sous la chaleur et de passer la soirée au bord de l’eau.
Il n’a pas plu depuis longtemps, l’herbe est grillée et la terre craquelée. Il est difficile de planter mes piquets de tente dans cette terre sèche. Je pensais rencontrer d’autres randonneurs, mais pour l’instant je suis seule à faire ce grand périple. Demain j’arrive à Oxford.
Depuis quelques jours je remets en doute l’itinéraire que je me suis choisi avant mon départ. Je crois que j’ai fait une erreur en voulant faire une traversée de l’Europe à pied. Depuis le début, je n’arrive pas à m’y tenir. Je cherche plutôt à découvrir des paysages hors normes plutôt qu’à suivre un chemin pré établi où je m’ennuie. Je vais revoir mon projet. Je ne veux traverser que les plus beaux endroits, sélectionner les plus beaux trecks pour chaque pays.
Mais avant toutes choses, au début du mois de septembre, je vais m’arrêter dans un pays anglophone pendant quelques temps. Je voudrais me donner le temps de maîtriser cette langue pour me faire comprendre.
Je voyage seule. Le contact humain est très important pour moi, ne pas pouvoir échanger est frustrant.